Traité de Bave et d’Eternité | Venom and Eternity | Isidore Isou | 1951

Traité de bave et d’éternité | Venom and Eternity.

Réalisation : Isidore Isou

Film ciselant en n. et b. 35m/m, sonore.120’.

Avec : Marcel Achard, Jean-Louis Barrault, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Danièle Delorme, Daniel Gélin

Production Marc Gilbert Guillaumin. Présenté le 5 juin 1951 au cinéma Alexandra.

Le Manifeste Du Cinéma Lettriste

Traité de bave et d’éternité“, d’Isidore Isou, prix de l’avant-garde à Cannes en 1951

Isidore Isou est un Roumain débarqué à Paris en 1946. Il a lancé alors un nouveau mouvement appelé le Lettrisme, manifeste pour une poésie phonétique. Cheveux coiffés très rock, au gel, ce jeune conquérant s’en prend aux gardiens du temple littéraire (Gide, Paulhan, Breton), et jette les bases d’une révolte de la jeunesse qui préfigure le situationnisme.
En 1951, résolu à révolutionner l’expression artistique, il lance un Manifeste du cinéma discrépant dans lequel il prône la disjonction entre son et image, et réalise ce film légendaire […]. Ce “traitéesthétique fut projeté au Festival de Cannes où un jury improvisé, composé de Jean Cocteau, Raf Vallone et Curzio Malaparte, lui décerna le Prix de l’avant-garde créé pour l’occasion. Il décrocha une critique dans les Cahiers du cinéma, signée Maurice Schérer (alias Eric Rohmer), qui vantait en particulier sa manière de filmer le quartier de Saint-Germain-des-Prés.

Des images nouvelle vague
Annonçant le cinéma de Guy Debord et celui de Jean-Luc Godard, ce film manifeste dans lequel des images très Nouvelle Vague sont accompagnées d’un texte très littéraire (logorrhée verbale sur l’amour et la révolte) est, on le redécouvre, beaucoup moins provocateur qu’on l’a dit, en dépit des plans montés tête en bas et des graphismes ciselés à même la pellicule. Agressif (“Je voudrais vous donner des névralgies”), disciple de Lautréamont, ce montage de documents hétéroclites où l’on reconnaît les “têtes pensantes” de l’époque (Marcel Achard, Jean-Louis Barrault, Armand Salacrou, Blaise Cendrars…) est plus que visible : c’est un vrai film d’auteur, poétique, fulgurant.

Article – Jean-Luc Douin – Le Monde

Extrait : Traité de Bave et d’Eternité | Venom and Eternity (1951) Isidore Isou

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