Sergio Leone
Isabelle Régnier, Article paru dans l’édition « Le Monde » du 06.01.2008
Sergio Leone n’a pourtant réalisé que sept longs métrages, mais il a su imposer une vision radicalement moderne et noire de l’Amérique et de ses mythes, ainsi qu’un style éblouissant, qui fit voler en éclat les canons cinématographiques préexistants.
Enfant de la balle, Sergio Leone a assisté pendant son enfance à la mise au ban de son père, le réalisateur Roberto Roberti, par le régime fasciste. Encore lycéen, alors que celui-ci se voit confier une nouvelle mise en scène après de longues années de chômage, il commence à travailler sur ses tournages, et devient pendant la guerre le plus jeune assistant réalisateur d’Italie.
Très tôt il se lance dans l’écriture d’un scénario sur la jeunesse romaine, mais la découverte, en 1953, de I Vitelloni, de Federico Fellini, dans lequel il reconnaît, les idées et les thèmes qu’il voulait porter à l’écran, donne un coup d’arrêt à ses ambitions de réalisateur. Décidé à rester assistant, il travaille pour les maîtres du néoréalisme italien et pour des cinéastes américains venus tourner dans les studios de la Cinecitta.
Jusqu’au jour où le réalisateur Mario Bonnard, qu’il assistait sur le tournage des Derniers Jours de Pompéi (1959), dont il a coécrit le scénario, tombe malade. La production lui demande de terminer le film. Le pas est franchi, et, en 1961, Sergio Leone réalise son premier long métrage : Le Colosse de Rhodes, un péplum.
Trois ans plus tard, il lance la veine du « western spaghetti », avec Pour une poignée de dollars. Tournée en Espagne pour cause de budget modeste, cette adaptation du Garde du corps, d’Akira Kurosawa, sera, comme ses deux films suivants (Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la Brute et le Truand), un immense succès public.
La critique mettra plus longtemps à reconnaître les qualités de ces westerns teintés d’ironie amère, influencés par le film noir, qui se distinguent par un formalisme extrême, un art du temps et de l’espace fondé sur des jeux de contrastes très forts.
Partie intégrante de la narration, l’utilisation de la musique d’Ennio Morricone, est, par ailleurs, une des grandes marques de fabrique du cinéaste, qui la commandait en amont et la faisait jouer pendant les tournages.
Fasciné par l’Amérique et par son cinéma, Sergio Leone s’intéresse à la manière dont la violence et la corruption gangrènent la mythologie du pays. Il ne tournera pourtant que deux fois aux Etats-Unis, pour quelques scènes d’Il était une fois dans l’Ouest, et pour Il était une fois en Amérique.
Entre-temps, il aura réalisé Il était une fois la révolution, situé pendant la révolution mexicaine, refusé de tourner le scénario du Parrain, produit une poignée de films, et collaboré à divers tournages.
Gastronome compulsif au point d’être devenu obèse, Sergio Leone est mort à 60 ans, en 1989, alors qu’il préparait Les 900 Jours de Leningrad, une histoire d’amour sur fond de seconde guerre mondiale.
Bio Express
Fiche Technique du 1er long métrage de Sergio Leone
Titre italien : Il Colosso di Rodi
Titre français : Le Colosse de Rhodes
Titre espagnol : El Coloso de Rodas
Titre anglais : The Colossus of Rhodes
Scénario : Luciano Chitarrini, Ennio De Concini, Carlo Gualtieri, Sergio Leone, Luciano Martino, Ageo Savioli, Cesare Seccia, Duccio Tessari
Musique : Angelo Francesco Lavagnino
Photographie : Antonio L. Ballesteros
Assistant réalisateur : Yves Boisset
Montage : Eraldo Da Roma
Décors : Ramiro Gómez
Costumes : Vittorio Rossi
Pays d’origine : Espagne, France, Italie
Langue de tournage : Anglais
Producteurs : Michele Scaglione, Eduardo de la Fuente, Cesare Seccia
Sociétés de production : Cinema Television International (CTI), Cineproduzioni Associati, Comptoir Français du Film Production (CFFP), Procusa
Société de distribution : MGM
Format : couleur par Eastmancolor — 35 mm — 2.35:1 (Supertotalscope) — monophonique (Westrex Recording System)
Genre : Péplum
Date de sortie : 16 juin 1961 en Espagne
Durée : 130 min (Italie 139 min, Espagne 123 min)